beMedTech appelle à une politique active en matière de sécurité en vue de la prévention des accidents par piqûre et par coupure, basée sur cinq points clés :

  1. La reprise du reporting et suivi ;
  2. Une introduction plus intensive d'équipements de sécurité et de procédures sécurisées ;
  3. Une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour les établissements de santé
    afin de rendre la transition possible ;
  4. Un investissement dans la formation et sensibilisation des professionnels des soins de santé ;
  5. Un cadre juridique plus contraignant et un contrôle plus strict.

 

La voie à suivre pour la Belgique

beMedTech soutient les efforts fournis jusqu’à présent, mais il reste néanmoins beaucoup à faire. beMedTech appelle à une politique de sécurité active basée sur cinq points clés :

1. La reprise du reporting et suivi

La devise « mesurer, c'est savoir » s'applique aussi dans ce cas-ci. Par exemple, il est nécessaire de mettre en place une procédure standardisée pour le signalement interne des accidents par piqûre ou par coupure par les établissements de santé, dans laquelle chaque incident est signalé. En effet, une grande partie des blessures par piqûre ou par coupure ne sont pas signalées et ne sont donc pas enregistrées. L'enquête confirme ce problème. Plus d'un répondant sur cinq n'a ainsi pas signalé le dernier incident, généralement parce (qu'il estimait) qu'il n'y avait pas de risque de contamination1

Plus d'un membre du personnel infirmier ou technologue de laboratoire médical sur cinq dit ne pas avoir signalé son dernier accident par piqûre ou par coupure.

Outre la rationalisation des rapports internes sur les incidents, il est urgent de mettre en place un registre national centralisé. Jusqu'en 2010, le WIV-ISP (aujourd'hui rebaptisé Sciensano) utilisait le réseau EPINet (Exposure Prevention Information Network) pour traiter de manière centralisée les données recueillies sur les piqûres, les coupures, les morsures et les blessures par éclaboussures dans les hôpitaux. Depuis lors, plus aucune donnée n'est disponible au niveau national. Sciensano a exprimé sa volonté de transférer le logiciel EPINet au SPF Emploi, Travail et Concertation sociale (SPF ETCS) et de le guider dans sa mise en œuvre

Nous insistons pour qu’une décision soit prise afin que les données soient enregistrées au plus vite. En effet, l'efficacité des décisions politiques ne peut être évaluée qu'à condition d'assurer un bon suivi et donc de disposer de données consolidées. Il est également souhaitable que les données soient standardisées pour permettre des comparaisons entre les États membres.

2. Une introduction plus intensive d'équipements de sécurité et de procédures sécurisées

Une enquête internationale a démontré que l'utilisation de dispositifs de sécurité, combinée à la sensibilisation et à la formation, peut réduire le risque de blessures par piqûre d'aiguille de pas moins de 93 % . Des résultats similaires ont également été obtenus dans notre pays, au sein de divers hôpitaux.

L'enquête semble confirmer que les instruments équipés d'un système de sécurité réduisent les risques. Dans au moins 85 % des accidents par piqûre ou par coupure, l'instrument en cause n'était pas doté de système de sécurité2.

L'utilisation de dispositifs de sécurité peut, en combinaison avec la sensibilisation et la formation, réduire les risques de 93 %.

Selon les données consolidées des ventes de beMedTech, il semblerait que la transition vers les équipements de sécurité s'annonce difficile. Par exemple, seule une aiguille hypodermique vendue sur dix est dotée d'un système de sécurité, alors que pour les aiguilles de prélèvement sanguin sous vide, ce chiffre est d'environ deux sur dix3.

Outre l'introduction de dispositifs médicaux dotés d'un système de sécurité, la sécurité des prestataires de soins de santé sur le lieu de travail est améliorée par :

l'élaboration de procédures plus efficaces pour l'utilisation et l'enlèvement en toute sécurité des instruments médicaux tranchants (y compris la mise à disposition de conteneurs de sécurité le plus près possible du lieu d'utilisation) ;

l'élaboration de procédures opérationnelles sûres et de protocoles spécifiques, par exemple en cas de contamination (potentielle) ;

le port d'équipements de protection tels que des gants et des lunettes de protection.

3. Une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour les établissements de santé

Bien entendu, l'introduction laborieuse des équipements dotés de dispositifs de sécurité est liée à leur prix d'achat plus élevé. Leur déploiement nécessite un effort financier important de la part de l'établissement de santé. Toutefois, une étude macro-économique indique que le remplacement des dispositifs médicaux conventionnels par des équipements dotés de dispositifs de sécurité profite non seulement aux prestataires de soins de santé en termes de qualité de vie, mais entraîne également une diminution des dépenses budgétaires globales de la santé4.

beMedTech demande aux autorités de débloquer les moyens budgétaires nécessaires pour les établissements de soins de santé. Il convient par exemple d'envisager des formes possibles de financement des équipements de sécurité par le biais notamment d'une indemnisation proportionnelle via le prix de la journée d'hospitalisation ou d'une réduction de la prime d'assurance accident pour les établissements de soins de santé. Les établissements de soins de santé pourraient également bénéficier d'une aide financière en fonction de leurs bons résultats sur la base d'indicateurs de qualité clairs tels que la prévalence des incidents

4. Un investissement dans la formation et sensibilisation des professionnels des soins de santé

L'enquête de la KU Leuven a également démontré que le manque d'expérience augmente considérablement le risque d'accident par piqûre ou par coupure. L'enquête demandait également si les personnes interrogées avaient reçu une formation suffisante quant à l'utilisation du matériel de piqûre et d'injection (de type sécurisé). Moins de la moitié (environs 47 %) du personnel infirmier et des TLM ont indiqué que c'était le cas4. Cependant, les recherches montrent que le risque d'accident par piqûre et par coupure est nettement plus faible chez les prestataires de soins de santé dûment formés à la manipulation du matériel de piqûre et d'injection que chez ceux qui n'ont reçu aucune formation spécifique5.

Les campagnes de sensibilisation semblent également porter leurs fruits. Les recherches démontrent que ces campagnes permettent d'augmenter la sensibilisation liée à la sécurité et à la santé au travail6. Il est possible de sensibiliser au manque de signalement des accidents et de contribuer à promouvoir une culture ouverte où la peur et les tabous sont brisés. Après tout, pas moins de 25 % des répondants à l'enquête ont indiqué qu'ils n'avaient pas signalé leur dernier accident par piqûre ou par coupure par peur7.

5. Un cadre juridique contraignant et un contrôle plus strict

Les formulations du cadre législatif actuel laissent une marge d'interprétation confortable laissant largement à l’appréciation de l'établissement de soins la mesure dans laquelle il s'y conforme. beMedTech plaide donc auprès des autorités pour qu'elles mettent en place un cadre juridique contraignant dans le cadre des arrêtés royaux existants qui, rende obligatoire entre autres l'utilisation d'équipements dotés de dispositifs de sécurité (à l'instar des Pays-Bas et de l'Allemagne où les équipements de sécurité doivent être utilisés tant lors des interventions chirurgicales que lors des soins réguliers sur des périodes prolongées). En pratique, c'est possible, par exemple, en incluant des équipements de sécurité dans les marchés publics.

L'enquête montre également qu'un contrôle plus poussé est nécessaire : plus de 87 % du personnel infirmier et des TLM interrogés estiment qu'un contrôle plus intense et plus strict de la fourniture d'équipements dotés de dispositifs de sécurité sur le lieu de travail permettrait d'améliorer la sécurité de l'environnement de travail.4 La nouvelle législation doit donc également édicter des règles plus strictes en ce qui concerne le contrôle effectif du respect des obligations (comme le fait aux Pays-Bas l'Inspection des affaires sociales et de l'emploi du ministère des affaires sociales et de l'emploi, l'équivalent du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale chez nous).

Cette prise de position et la campagne de sensibilisation aux accidents par piqûre et par coupure ont été élaborées en collaboration avec les membres de beMedTech suivants, membres du groupe de travail « safety ».

1Van Laer F. & Coenen E., Impact des aiguilles à ailettes sécurisées sur l’incidence des accidents par piqûres à l’UZA, NOSO info vol. XXIV N°1 - 2020
2Sur la base des statistiques mises à disposition par beMedTech à ses membres en 2017
3Larmuseau D. Safety-producten in België: een macro-economische gezondheidsstudie, 2007
4S. Brusaferro et al. Educational programmes and sharps injuries in health care workers. Occupational Medicine, Volume 59, Issue 7, October 2009, Pages 512–514
5T.R. Cunningham et al. A safety information campaign to reduce sharps injuries: Results from the Stop Sticks campaign Journal of Communications In Healthcare 3(3-4):164-184 · December 2010