Prévalence des accidents par piqûre et par coupureUn million d'accidents par piqûre et par coupure se produisent chaque année au sein de l'UE1. En Belgique, plus de la moitié (55 %) du personnel infirmier et des technologues de laboratoire médical belges répondant à une enquête de 2020 se sont déjà blessés par piqûre (près de 64% du personnel infirmier, environ 28% des TLM)2. Près de 35 % des blessures les plus récentes par piqûre sont survenues en particulier lors de l’utilisation de l'aiguille RisquesLe risque d’infection du personnel infirmier et des technologues de laboratoire est élevé compte tenu du fait qu'un patient sur dix souffre d'une infection3. Le sang d’un patient peut entrer en contact avec le leur par l’entremise d’un instrument tranchant comme une seringue ou un scalpel. Au moins 30 pathogènes courants peuvent être transmis par le sang, tels que l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH/sida. Les conséquences psychologiques sont également à prendre en considération dans un milieu où le stress est déjà élevé. CausesTrop faible utilisation de matériel sécurisé en BelgiqueGrâce à la présence internationale de ses membres, beMedTech a pu comparer le pourcentage de dispositifs médicaux dits ‘safe’ utilisés en Belgique et aux Pays-Bas en concentrant la comparaison sur le matériel le plus couramment utilisé et qui présente le plus de risque de blessures. Le tableau 1 montre les résultats consolidés de cette analyse. Le constat est clair : l’utilisation de produits dits ‘safe’ en Belgique est beaucoup moins courante qu’aux Pays-Bas. Ainsi, les prestataires belges sont bien moins protégés des accidents que leurs homologues hollandais.
Les prestataires de santé belges sont jusqu’à 7,8 x moins protégés que leurs homologues hollandais dans le cas des prélèvements sanguins.
Tabel 1: Comparaison du % de matériel sécurisé utilisé en Belgique et aux Pays-Bas en 2020. Source : Membres beMedTech, 2021 Exécution en pratique difficile et non harmonisée du cadre juridique présenEn pratique, l’exécution des lois protégeant le personnel infirmier et des technologues de laboratoire médical est de la responsabilité des employeurs comme les hôpitaux, laboratoires d’analyse, etc… De nombreux établissements de santé ont ainsi multiplié d’efforts pour prévenir les accidents par piqûre d'aiguille et par coupure comme l’instauration de procédures internes en cas d’accident, de rappels annuels des risques et parfois de formations. Malheureusement, ces efforts ne sont parfois pas réguliers ni suffisants car requièrent des investissements en temps et argent. De plus, ils ne sont pas similaires partout dans tous les établissements de soins. La sécurité des professionnels de la santé n’est donc pas équitablement répartie. Par ailleurs, l’inspection du travail chargée de s’assurer de l’exécution de la loi de 2013 n’a pas les ressources humaines d’inspecter tous les établissements. Lourdes conséquences financières et humaineLes accidents par piqûre ou par coupure ont un impact financier conséquent : coûts directs, coûts des examens (préventifs) et des traitements, coûts éventuels des traitements en cas d'infection et même incapacité de travail du professionnel de la santé. Selon une étude, jusqu'à 37 % des infections au virus de l'hépatite B chez les professionnels de la santé sont directement imputables à leur exposition, dans le cadre de leur profession, à des accidents par piqûre ou par coupure4. Le coût direct d'un accident par piqûre ou par coupure est estimé à entre 500 et 1600 euros5. Les coûts peuvent peser lourdement sur le budget global de la santé. Aucune donnée récente n'est disponible pour la Belgique, mais en Italie, par exemple, le coût total des blessures par piqûre d'aiguille est estimé à plus de 75 millions de dollars6. Un accident par piqûre ou par coupure peut également avoir des conséquences graves pour le professionnel de la santé concerné, même si ce dernier ne subit aucune contamination. L'impact, souvent prolongé, sur leur bien-être psychologique ne doit pas être sous-estimé7. Le travailleur et sa famille vivent souvent de nombreux mois dans l'incertitude quant aux conséquences possibles de la blessure sur sa santé. Dans le cas d'une contamination au VIH/SIDA, par exemple, six mois sont nécessaires avant que l’on sache s’il y a eu transmission ou non d'une infection. Le traitement au moyen d'agents prophylactiques peut également provoquer un mal-être8. Il va sans dire que les conséquences pour la personne concernée et sa famille sont encore plus graves si une infection se produit. 1Communiqué de presse 2018: Prikongevallenpreventie in Europa: een steekproef, IDEWE, 15-10-2018 |